On me l’avait dit mais j’avoue que
je n’y avais pas prêté grande attention. J’avais dû répondre sans conviction « Ah
ouais c’est dingue ca, on peut s’appeler comme on veut ». Et ouais, en
tant qu’olim radachims (nouveaux immigrants en Israël), tu as le droit de
prendre le
prénom et le nom que tu veux, à l’exception de deux patronymes « Cohen »
et « Lévy ».
Arrivée
donc en Israël, la préposée du Ministère de l’intégration m’a demandé « What’s
your name ? » et moi , j’ai répondu « Virginie Bellaïche ».
J’ai pensé un quart de seconde, prendre mon prénom en hébreu, « sarah »,
joli et passe partout comme une robe noire jamais portée, mais finalement, j’ai dit « Virginie Bellaïche ».
Et
là, je me dois de m’arrêter sur « Virginie », prénom commun à mort pour
toute une génération de filles nées au
milieu des années soixante dix en France, qui a suscité une grande partie de mon adolescence
une lancinante et vaine interrogation, « Mais pourquoi ma mère m’a appelé
comme ça ? ». Tout en reconnaissant que ça aurait pu être pire, j’aurais
pu en effet m’appeler « Véronique », si si c’est pire, il faut le
dire, « Virginie » est difficilement prononçable par mes concitoyens
israéliens. Il suffit de voir la tête incrédule du type à la caisse du Aroma
Café quand il finit par lâcher « …. Heu… Ok …. Virgin ! ».
J’ai
longtemps rêvé de changer de prénom. J’aurais voulu m’appeler
Clara,
Yaël,
Louise,
Agathe,
Hanna,
Pia,
Emma.
Bref tout sauf
virginie et cette saleté d'allitération en I qui sonne comme un rire faux. Hi…. Hi… hi…
J’ai
eu un quart de seconde la possibilité de changer de prénom. L’ado que
j’étais se serait jetée sur l’occasion comme une boulimique dans une boutique de
Pierre Hermé. Pourquoi je n’en ai rien fait … Parce que finalement Virginie, c’est pas si mal. Un prénom banal
qui m'a poussé à choisir avec soin le prénom de mes deux filles.
J’ai
changé de pays, mais je reste la même. Malgré l’alyah, changement plus que
notable dans une vie, je conserve la base, le même caractère, les mêmes
qualités, les mêmes défauts et donc le même prénom.
Depuis mon arrivée en Israël, Virginie est plus léger, moins agaçant,
moins commun. Sans doute parce qu’en répondant « Virginie Bellaïche »
à l’employée du Ministère c’est un comme si pour la première fois en 37 ans, je
l’avais choisi.
Salut,
RépondreSupprimerLa question sans doutes bète mais qu'il faut poser : Pour quoi ni Lévy ni Cohen ?
les Cohen et les Lévy avaient un statut particulier parmi les 12 tribus d'Israël, ils avaient en charge le Temple. aujourd'hui encore, c'est eux qu'on appelle en premier à monter à la thora à la synagogue. j'aurais dû le préciser. j'espère avoir répondu à ta question. bises
RépondreSupprimermerci
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