30 janvier, 2014

OULPAN CLAP DE FIN


Voilà c’est fini. Aujourd’hui à 12h00, j’ai quitté la place que j’occupais depuis 5 mois. Bye bye la Kita « aleph + ».  Adieu les devoirs bâclés le matin entre 5h30 et 6h05. Finis les yeux sur la pendule en attendant la pause de 9h40.

 

J’ai attendu 5 mois la fin de l’oulpan et maintenant je me demande bien ce que je vais faire de mes journées. La fin de l’oulpan c’est comme un saut dans le vide. J’avais remis beaucoup de choses à « après l’oulpan » et maintenant on y est. Il faut que je refasse mon CV que je contacte des boîtes, que je trouve du boulot,  que je travaille mon réseau.

A la fin du cours du jour, Orith, notre professeur nous a demandés de lui dire quelle chose on allait retenir de ces  5 mois. Ca sentait la fin, les au-revoirs.  Certains riaient en regardant la montre, d’autres avaient le visage plus fermés.  Moi je repensais à la première fois où j’ai posé mon sac dans cette classe. J’avais la tête dans mes cartons. Je pensais à l’adaptation d’adèle à la crèche. J’étais tout le temps fatiguée. 5 mois plus tard, j’ai pris le rythme, les cartons ont disparu. Dans les placards de la cuisine, chaque chose a pris sa place. Alors certes, il y a encore des réglages à faire mais l’essentiel est là.

Il y a 5 mois j’étais une étrangère à Raanana. Aujourd’hui, je connais le nom des rues. J’ai mon café préféré. Il y a des magasins que j’évite. Peu à peu, j’ai pris mes marques. Je  me sens un peu plus chez moi.
 
Beaucoup de mes lieux favoris se situent aux alentours du Merkaz Klita ( centre d’intégration) où j’ai suivi les cours d’oulpan. Maintenant, je sais que je passerais souvent devant sans y entrer comme chaque matin à 8h. Le Merkaz Klita, sa pancarte bleu, blanche et verte. Le chomer (gardien) du gan de la Rue Hasharon qui te raconte sa vie quand tu passes devant lui, le beth-cafe où on se ruait à la pause pour commander un café afour à emporter.

Pour moi ces 5 mois passés à étudier sont les bases de ma nouvelle vie. J’y ai rencontré des gens du monde entier. En 5 mois, j’ai plus appris sur moi et sur les autres qu’en 5 ans passés à Paris. L’oulpan  c’est un passage obligé pour apprendre l’hébreu mais aussi pour comprendre Israël, ses habitants, sa culture, ses codes.

«Tu verras à l’oulpan, tu vas te constituer une famille bis » m’avaient-on dit à Paris. J’avoue que j’avais tiqué. Et puis, finalement j’ai compris. Compris qu’en 5 mois, avec mes camarades de classe, on a partagé plus que des exercices et des leçons. On a appris à se connaitre. Les affinités se sont créées, les relations se sont affinées, les groupes se sont formés. L’apprentissage de l’hébreu, nous a permis de communiquer et de parler d’une même voix. Peu à peu nos langues maternelles ont laissé place à l’hébreu. Certes, nos phrases sont imparfaites, parfois truffées de fautes mais on a réussi à créer du lien.

Je n’oublierai pas :

·         L’attention de Tzion (né en Inde) qui proposait toujours aux autres de l’eau chaude avant de servir du café.
·         La volonté de Hanna (née aux Etats-Unis) de s’exprimer en hébreu malgré la difficulté.
·         Le sourire d’Eva (née à Nice) quand elle entrait dans la classe très en retard.
·         Les messes-basses avec Molly ( née dans le New Jersey)
·         L’enthousiasme d’Ariel (né à Buenos Aires) quand il parlait de football et de Messi
·         Le cahier tout propre de Carmen (née en Moldavie)
·         Les fous-rires avec Maia (née  à Paris)
·         Les pauses tic-tac et chewing gum au goût improbables grâce à Michael (né au Maroc)
·         Les questions sans fin de Romain (né à Marseille)
·         Les séances confidences avec Déborah, Rahel et Leatitia.
·         La persévérance de Sumalee (née en Thaïlande)

Je prends tout, je thésaurise, je garde. c'est mon capital-souvenirs, en attendant qu'on s'en crée d'autres.

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