Depuis que je suis en Israël, je scrute avec avidité et frustration les sorties de livres qui font l’actualité en France. Après avoir suivi ses déboires sur Twitter, j’avoue j’attendais le livre du journaliste Frédéric Haziza, « Vol au dessus d’un nid de fachos : Dieudonné, Soral, Ayoub et les autres » publié chez Fayard.
Grâce à une âme charitable (Merci à elle), il m’est parvenu en Israël. Le style est sec, le vocabulaire pauvre et les rares envolées lyriques atteignent l’altitude d’une hirondelle avant la pluie. J’attendais un témoignage fort, je n’ai lu qu’une compilation de chiffres et de faits dignes d’une fiche wikipédia. Mais plus ennuyeux, en le refermant, j’ai senti comme un léger malaise, une impression étrange, la sensation désagréable d’avoir vu se jouer une scène gênante sans en percevoir tous les tenants et les aboutissants.
J’ai réfléchi longtemps (plus que celui qui m’a fallu pour
lire ce livre) sans pour autant réussir à mettre des mots sur cette étrange
sensation. Et puis, j’ai rouvert le livre à la page des « Remerciements ».
L’auteur remercie celles et ceux qui l’ont aidé « par delà les désaccords ». S’en suit une liste de personnalités
politiques de premier plan. La liste
démarre par François Hollande et Jean-Marc Ayrault, respectivement Président de
la République et Premier ministre, protocole oblige, et se poursuit selon un
ordre alphabétique. Et là, après Manuel Valls et Renaud Vedel, on peut lire
cette phrase courte : « Merci aussi à Marine le Pen et Louis Aliot »,
respectivement Président et Vice- Président
du Front National.
Et c’est là, au détour de cette phrase qui isole les leaders
frontistes, que j’ai compris ce qui finalement m’a profondément gêné. J’ai
décelé ici et là une vraie volonté de la part de l’auteur « d’épargner »
Marine Le Pen, de mettre une vraie distance entre elle et toute la fachosphère
qu'il décrit.
Alors oui, certes, et c’est le moins, Frédéric Haziza
reconnait p 149, que la présidente du Front national « n’a pas coupé tous
les ponts avec les néonazis » mais tout au long de se démonstration il
veille bien à ce que la Présidente du Front National ne puisse pas être
éclaboussée par les tribulations antisémites de ceux qui ont fait l’actualité ces
dernières semaines.
Dieudonné ? P 110, on peut lire « Le Pen considère aussi que Dieudonné est « un type
inconoclaste ». Marine le Pen confirme « Le Pen (elle nomme ainsi
son père) aime les parias, les
provocateurs. Moi, je ne l’ai jamais vu, je ne voulais pas le croiser et je m’étais
planquée, lors de la fête Bleu Blanc Rouge dans le commissariat général parce
que je n’avais pas envie de le voir ». Concernant Soral, Marine Le Pen confie à Frédéric Haziza (Confère P 91), « c’est un type ayant surtout un énorme problème d’égo, un besoin de reconnaissance et beaucoup de mépris pour les autres ». Plus loin, elle poursuit, « Je me méfiais de lui, parce que je me suis toujours méfiée de ceux qui tout de suite veulent vous faire comprendre qu’ils en ont une grosse ».
En mars 2011, déjà, le journaliste Frédéric Haziza qui
officie chaque dimanche sur Radio J avait tenté d’inviter Marine Le Pen. Une invitation
qui en pleine campagne présidentielle, avait suscité un véritable tollé dans la
communauté juive. Certains responsables communautaires avaient même appelé à
manifester devant le studio de la station de radio qui avait fini par annuler l‘invitation.
Au JDD daté du 13 mars, il expliquait : "Se getthoïser n'est pas
une solution contre l'extrémisme".
La présidente du FN, elle, face aux menaces de mort reçues
par la radio juive livrait un message d’apaisement. Là, où l’on aurait imaginé
Marine Le Pen hurler à la censure et à la diabolisation de sa formation
politique, affirmait aux juifs de France "qu'ils n'ont rien à craindre du FN,
bien au contraire". Quelle mansuétude !
Frédéric Haziza dit traiter Marine Le Pen avec « neutralité ». Cette "neutralité" qui me laisse songeuse ne s'embarrasse de quelques incohérences. Celui qui a dédié le livre à « Majloch Lancner », son « grand-père
déporté par le convoi numéro 6, mort à Auschwitz en juillet 1942 », n’a
pas cru bon de rappeler dans son livre sur la fachosphère que Marine Le Pen
avait participé en mars 2012 à un bal des corporations estudiantines
à Vienne. Parmi elles certaines ouvertement proches de néo-nazis sont « interdites
aux juifs et aux femmes ».
Comment on peut lire le bouquin d'un mec qui a pris en compte et popularisé la thèse que la quenelle serait un salut nazi déguisé ?
RépondreSupprimerSi déjà sur un si petit élément factuel on est capable d'inventer et de ne strictement rien comprendre, comment imaginer qu'une enquête complexe de ce genre d'individus puisse être en quoique ce soit pertinente ou enrichissante ?
Il n'aura pas mon argent. Et j'espère qu'il n'a pas eu le votre.
Cdlt.
Je ne comprends pas, il n'est pas possible qu'effectivement Marine Le Pen ne soit pas une facho ? Je suis en désaccord avec elle sur tous les points mais ce n'est pas son père.
RépondreSupprimerEt pour Radio J c'est Haziza qui avait raison et l'attitude d'une partie de la communauté juive qui a été indigne. Soit on invite tout les monde soit on invite pas non plus les écolos et les communistes qui sont eux beaucoup plus antisémites que le FN actuel.
Je dois être plus sensible à la mentalité américaine mais je crois à la vraie liberté d'expression, pas à la version française où on ne laisse parler que ceux qui pensent comme nous.
Pfffff. Réduction "ad hitlerium" comme dirait Finkie. L'UEJF a laissé des traces. T'as fait mieux cocotte. Nini
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