Le
18 août dernier, Jean Kahn est mort. Ancien président du CRIF et du Consistoire
central, l’octogénaire était une des
figures de la communauté juive de France. Logique donc de lire une multitude de
communiqués et d’hommages saluant ce grand homme, son action et son dévouement.
Journaliste
dans la communauté juive depuis 2001, je n’ai eu qu’une seule fois affaire à
jean Kahn. A l’époque, je m’occupais pour actualité juive notamment de la rubrique
« Le aleph beth », un portrait en forme d’abécédaire. Jean Kahn était
président du Consistoire central. Je voulais lui consacrer un portrait. Au téléphone, le contact dut rude, l’homme était agacé par
mes questions, méprisant dans ses réponses. Avant de me raccrocher au nez, il m’a expliqué excédé : « Vous n’avez qu’à lire mon livre si
vous ne connaissez pas ma vie ». Planté deux jours avant le bouclage, je n’ai
jamais réessayé de recontacter Jean Kahn.
En racontant ma mésaventure à des collègues, j’avais récolté des
sourires entendus. « Ah bon personne t’a prévenue, il est comme ça… »
Aujourd’hui,
décédé, l’homme a retrouvé de sa superbe. Comme souvent, la nécrologie a
reverni la statue du bonhomme. On ne se souvient que du meilleur. On oublie qu’au
milieu des années 2000 affaibli et malade, il ne faisait plus l’unanimité. Certains
dénonçaient même sa volonté de rester en
poste à tout prix et contre l’intérêt de l’institution. « Il est temps qu’il passe la main » entendais – je souvent.
Je
ne remets pas en question le travail bénévole de plus de 40 ans de Jean Kahn mais
je m’amuse de voir combien les vivants ont du mal à jeter sur le défunt un
regard neutre et cru. On peut avoir du respect pour quelqu’un, être en
empathie, tout en reconnaissant ses
travers. Le jour de la mort de Léon Zitrone, je me souviens d’un journal télé
où l’une de ses filles disait face caméra : « C’était un génie et
comme tous les génies, il était chiant et pas facile à vivre ».
En
attendant que le temps passe, que les langues se délient, on ne peut donc dire
qu’une seule chose : Jean Kahn est mort, vive Jean Kahn.
Je trouve que vous avez raison on doit évoquer le bien comme le mal d'un défunt
RépondreSupprimerOui mais en general on attend quand meme la fin de la Shiva. Ce meme post quelques jours plus tard serait quand meme mieux passe.
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