22 août, 2013

Jean Kahn ou quand la necro prend le pas sur la realite




Le 18 août dernier, Jean Kahn est mort. Ancien président du CRIF et du Consistoire central, l’octogénaire  était une des figures de la communauté juive de France. Logique donc de lire une multitude de communiqués et d’hommages saluant ce grand homme, son action et son dévouement.



Journaliste dans la communauté juive depuis 2001, je n’ai eu qu’une seule fois affaire à jean Kahn. A l’époque, je m’occupais pour actualité juive notamment de la rubrique « Le aleph beth », un portrait en forme d’abécédaire. Jean Kahn était président du Consistoire central. Je voulais lui consacrer un portrait. Au téléphone, le contact dut rude, l’homme était agacé par mes questions, méprisant dans ses réponses. Avant de me raccrocher au nez, il m’a expliqué excédé : « Vous n’avez qu’à lire mon livre si vous ne connaissez pas ma vie ».  Planté deux jours avant le bouclage, je n’ai jamais réessayé de recontacter Jean Kahn.  En racontant ma mésaventure à des collègues, j’avais récolté des sourires entendus. « Ah bon personne t’a prévenue, il est comme ça… »

Aujourd’hui, décédé, l’homme a retrouvé de sa superbe. Comme souvent, la nécrologie a reverni la statue du bonhomme. On ne se souvient que du meilleur. On oublie qu’au milieu des années 2000 affaibli et malade, il ne faisait plus l’unanimité. Certains dénonçaient même sa  volonté de rester en poste à tout prix et contre l’intérêt de l’institution. « Il est temps qu’il passe la main » entendais – je souvent. 

Je ne remets pas en question le travail bénévole de plus de 40 ans de Jean Kahn mais je m’amuse de voir combien les vivants ont du mal à jeter sur le défunt un regard neutre et cru. On peut avoir du respect pour quelqu’un, être en empathie,  tout en reconnaissant ses travers. Le jour de la mort de Léon Zitrone, je me souviens d’un journal télé où l’une de ses filles disait face caméra : « C’était un génie et comme tous les génies, il était chiant et pas  facile à vivre ».  

En attendant que le temps passe, que les langues se délient, on ne peut donc dire qu’une seule chose : Jean Kahn est mort, vive Jean Kahn.

2 commentaires:

  1. Je trouve que vous avez raison on doit évoquer le bien comme le mal d'un défunt

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  2. Oui mais en general on attend quand meme la fin de la Shiva. Ce meme post quelques jours plus tard serait quand meme mieux passe.

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