Hier soir à la Synagogue de Nazareth, celle où j'ai vu se marier toutes mes copines en me disant "est-ce que ca va m'arriver un jour ?" se tenait la cérémonie pour les futurs immigrants juifs de France qui vont s'installer en Israël. Je pars le 31 juillet. et dans le cadre de cette soirée, j'ai pris la parole. Partir c'est la promesse d'une nouvelle vie, l'impression de tourner le dos à une autre. bref, le 31 juillet, ce sera le premier jour du reste de ma vie
Son Excellence, Mr
l’ambassadeur d’Israël en France,
Mr le Président de
l’agence juive mondiale,
Mr le Délégué
national de l’Agence juive,
Mr le Grand rabbin
de France,
Mr le Président du
Consistoire de Paris et du Consistoire central,
Me le Vice – président
du Consistoire de Paris,
Mr les
administrateurs,
Chers amis,
Avant
de commencer, je voudrais vous dire monsieur Sharansky, combien votre présence
parmi ce soir est un honneur. Votre histoire, votre parcours nous rappelle qu’à
une autre époque, le chemin que nous nous apprêtons à faire aujourd’hui, fut
difficile. Votre présence nous rappelle aussi le caractère précieux de l’aide
que va nous apporter dans les premiers mois l’état hébreu.
Comme
nous en sommes aux remerciements, je voudrais remercier le consistoire,
organisateur de cette soirée. Je sais combien il est difficile pour l’institution
de voir partir des familles qui font vivre leurs communautés.
L’alyah, ca commence par une certitude. Pour certains, elle est profonde,
ancienne. Elle s’est forgée dans une famille sioniste, a muri au fil des ans
dans un mouvement de jeunesse, à l’école juive. Pour d’autres, comme moi, elle est
plus récente, plus laborieuse.
Mon mari, Laurent, part, parce qu’il faut bien rentrer à la maison. Moi
je pars pour plusieurs raisons. La première c’est que l’idée de continuer à
vivre comme si de rien n’était dans un pays où en 2013, on a tué des juifs
parce qu’ils sont juifs m’est insupportable. Je ne pars pas parce que j’ai peur
de l’antisémitisme, je pars parce que je n’arrive plus avec vivre avec cette idée-là.
J’ai aimé la France, profondément, éperdument. Et puis l’amour s’est émoussé. Au début je me suis dit « ca va passer » et puis ce que je pensais être un malentendu s’est révélé plus profond. J’ai toujours détesté les gens qui m’expliquaient que les juifs n’avaient plus rien à faire en France. Je me garderais donc bien de tenir ce discours mais je crois que si nous appartenons à un groupe nous sommes aussi soumis à un rythme personnel qui nous fait un jour dire « pour moi c’est le moment » et ce sans juger ceux qui restent.
Chaque alyah est juste tant qu’elle est un choix réfléchi quelle qu’en soit la motivation.
Et puis après les certitudes, viennent le temps des questions.
Ø « Est-ce qu’on va réussir
? »,
Ø « Est-ce que tout
va aller pour le mieux ».
Ø « Est-ce que mon
cadre va arriver dans les temps ? »,
Ø « J’espère que la garantie de la télé fonctionne
là-bas. On vient de l’acheter».
Ø « Et si au bout de
5 mois d’oulpan je parle pas correctement
hébreu ? »
Ø « Est-ce que je
vais trouver un super job ? »,
Ø « Est-ce que je vais
trouver juste un job ? ».
Et surtout la grande question existentielle « comment je vais faire sans ma mère ».
Et surtout la grande question existentielle « comment je vais faire sans ma mère ».
Et comme si tous les aléas de la préparation n’étaient pas suffisants il faut être à la hauteur de ceux qui vous regardent avec admiration. Il faut donner le change : à ceux qui restent et qui ne comprennent pas votre décision, ceux qui pensent que vous allez galérer, que vous n’êtes pas prêt. Que vous allez vous planter.
On vit tous la même chose. D’autres l’ont vécu avant nous, d’autre le vivront
après. Je suis comme vous, je ne connais pas la suite.
Je l’appréhende, je l’imagine, je
l’espère,
L’Alyah ça commence comme ça a
débuté par une certitude. Car oui, en dépit de toutes les difficultés, nous
aurons tous, j'en suis sûre, la certitude d’avoir fait le bon choix.
Merci
Bravo kol hakavod et binevenue chez vous, le 31 juillet, Haim du site http://alyareussie.fr
RépondreSupprimermerci Haïm
RépondreSupprimerSplendide !
RépondreSupprimerTout est dit et très bien dit
RépondreSupprimerQuel plaisir de vous lire
Merci et bravo !
merci beaucoup. je ne manquerais pas de vous donner des nouvelles sur ce blog
RépondreSupprimerChavoua tov Je suis montée en Erets avec mon mari mes enfants le 15 août dernier. Pas une seule fois nous avons regrette notre choix et ce 31 juillet j avais prévu בסייד de venir vous accueillir vous que je ne connais pas vous et tous ces olims francophones parce qu il n y a pas de plus belle et plus vraie décision que l alya. Que votre chemin soit facile , que vous rencontriez toujours les bonnes personnes, que votre cœur votre corps s ouvre à Israël et n oubliez pas que "comme on voit Israël alors Israël se donne de la même façon à nous " Be hatslaha
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