Ce matin, j’ai rencontré une fille avec qui j’étais
en classe. On s’est croisé en CM1 il y a 27 ans. On se retrouve au rayon des gâteaux
petits-déjeuners. Elle prend des barres « spécial K » et moi un pack
promo de « Petits écoliers ». « Et tu fais quoi dans la
vie ? », me demande-t-elle, je réponds « Journaliste ». Et
là, je vois son œil briller. C’est léger, ca dure un quart de seconde. Pourtant
si elle savait que ….
- J’ai passé beaucoup
de temps à regarder le plafond pour trouver des (putains) de sujets.
- J’ai jonglé certains jours avec un emploi du temps schizophréne : « 14h : Portrait du Grand rabbin Sirat », « 15h : Interview d’Ovidie pour son livre »
- Je me suis fait pourrir en sortant du studio de RFM parce que j'étais grave et qu'on était "sur une musicale"
- J’ai attendu 3 heures
dans le hall d’un grand hôtel pour rencontre Julie Depardieu pour la
sortie du DVD de Podium. Qu’il y avait tellement de retard, qu’à 18H, l’actrice
me dit « « j’en ai marre, viens on parle de tout sauf boulot ».
- Le jour où je fais
une Interview de Roch Voisine, le héros de mes années d’adolescence, Liam
Gallagher s’est installé à la table juste à côté de nous.
- J’ai gaulé Justine
Lévy fouiller dans mes fiches pendant que je lui préparais un thé avant
notre entretien pour Radio Shalom sur « Rien de Grave »
- Je me suis entendue
poser des questions aussi stupides que « A la mort de votre enfant,
qu’est ce qui vous a donné la force de créer une association ? »
- Qu’une femme de prisonnier
à qui je demandais comment ca se déroulait au parloir, m’a répondu : « je
me mets en jupe, j’ai pas de culotte, je m’assois sur lui, et ensuite j’ai
des mouchoirs. Ca va t’as tout t’es contente. Tu vas pouvoir l’écrire dans
ton journal de merde ».
A coté de ça, il y a eu des moments
de grâce...
- Popeck qui me raconte sa journée de tournage avec Polanski
- la réception de ma carte de presse
- Ce déporté qui se souvient du jour où il a retrouvé son frère qu’il croyait mort
- Le courage et la dignité de Ruth Halimi, la maman d'Ilan
- L’interview par
téléphone avec Christine Okrent qui me dit « mais vous savez on fait
le même métier ».
J’adore
ce boulot même s’il m’est arrivé de le détester. En 15 ans de carrière, j’ai dû
gratter des centaines de cahiers et user des milliers de stylos. Et j’en arrive
à la conclusion douloureuse que même si c’est souvent une galère sans nom, je
ne sais rien faire d’autre.
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