24 mai, 2013

Le plus beau metier du monde ?


Ce matin, j’ai rencontré une fille avec qui j’étais en classe. On s’est croisé en CM1 il y a 27 ans. On se retrouve au rayon des gâteaux petits-déjeuners. Elle prend des barres « spécial K » et moi un pack promo de « Petits écoliers ». « Et tu fais quoi dans la vie ? », me demande-t-elle, je réponds « Journaliste ». Et là, je vois son œil briller. C’est léger, ca dure un quart de seconde. Pourtant si elle savait que ….
 

  • J’ai passé beaucoup de temps à regarder le plafond pour trouver des (putains) de sujets.
  • J’ai jonglé certains jours avec un emploi du temps schizophréne : « 14h : Portrait du Grand rabbin Sirat », « 15h : Interview d’Ovidie pour son livre »
  • Je me suis fait pourrir en sortant du studio de RFM parce que j'étais grave et qu'on était "sur une musicale"
  • J’ai attendu 3 heures dans le hall d’un grand hôtel pour rencontre Julie Depardieu pour la sortie du DVD de Podium. Qu’il y avait tellement de retard, qu’à 18H, l’actrice me dit « « j’en ai marre, viens on parle de tout sauf boulot ».
  • Le jour où je fais une Interview de Roch Voisine, le héros de mes années d’adolescence, Liam Gallagher s’est installé à la table juste à côté de nous.
  • J’ai gaulé Justine Lévy fouiller dans mes fiches pendant que je lui préparais un thé avant notre entretien pour Radio Shalom sur « Rien de Grave »
  • Je me suis entendue poser des questions aussi stupides que « A la mort de votre enfant, qu’est ce qui vous a donné la force de créer une association ? »
  • Qu’une femme de prisonnier à qui je demandais comment ca se déroulait au parloir, m’a répondu : « je me mets en jupe, j’ai pas de culotte, je m’assois sur lui, et ensuite j’ai des mouchoirs. Ca va t’as tout t’es contente. Tu vas pouvoir l’écrire dans ton journal de merde ».

A coté de ça, il y a eu des moments de grâce...

  • Popeck qui me raconte sa journée de tournage avec Polanski
  • la réception de ma carte de presse
  • Ce déporté qui se souvient du jour où il a retrouvé son frère qu’il croyait mort
  • Le courage et la dignité de Ruth Halimi, la maman d'Ilan
  • L’interview par téléphone avec Christine Okrent qui me dit « mais vous savez on fait le même métier ».

J’adore ce boulot même s’il m’est arrivé de le détester. En 15 ans de carrière, j’ai dû gratter des centaines de cahiers et user des milliers de stylos. Et j’en arrive à la conclusion douloureuse que même si c’est souvent une galère sans nom, je ne sais rien faire d’autre.

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