24 septembre, 2013

Alyah – Episode 8 : Va voter

 
A chaque fois que je reçois du courrier dans ma boite aux lettres, j’ai l’angoisse. Toutes ces lettres en hébreu, ces chiffres et là mon nom, ca me crispe. Je suis à chaque fois contrainte d’aller quémander la traduction auprès de ma voisine ou de copains israéliens. J’avoue quand j’ai reçu ce petit papier, je me suis dit « merde ». Quand on m’a dit « C’est ta carte d’électeur », j’ai dit « chouette ».
 
 


Je vais donc voter pour les élections municipales israéliennes qui se tiendront le 22 octobre prochain. J’étais déjà tombée sur des affiches vantant les mérites de tel ou tel candidat dans les rues de la ville. Oui parce qu'ici, certains accrochent à leurs fenêtres et balcons le portrait de leur champion. A Raanana, 3 candidats sont en lice.
 
 
 

 

Nahum Ofri, le maire sortant. Ancien adjoint au Maire chargé de l’Education, il est élu en 2005 après la nomination de Bielski à la présidence de l’Agence Juive mondiale. Ofri a fait toute la première partie de sa carrière dans l’Armée de l’air.

Zeev Bielski, il a été maire de Raanana de 1988 à 2005. Nommé à l’Agence Juive Mondiale, Bielski fait aujourd’hui une campagne sur le mode « le retour », « Les Raananéens me réclament ».

Ethan Glick, 53 ans dont 23 ans à Raanana. Diplômé du Technion et de  l’Université de New York, il est aujourd’hui avocat.

 
Etant olah radacha – nouvel immigrante, je vis les élections en dilettante, par bribes. J’écoute ce que les israéliens installés ici depuis longtemps ou toujours en disent. Je découvre les préoccupations et les préférences des électeurs au gré des conversations glanées dans la queue du supermarché, à la sortie de l’école. Loin de trouver ca frustrant, je me délecte du point de vue des uns et des autres. A Raanana, tous les restaurants sont cashers. Ce n’est pas le cas partout. Sur Ahuza (Prononcez Arouza), la grande artère qui traverse la ville (comme l’avenue du Général de Gaulle à Neuilly), le  chabbath et jours de fêtes, les magasins sont fermés. Ils appellent ça « le statu-quo religieux ». Certains pensent qu’il faut le remettre en cause, d’autres estiment que non.  

J’entends « Faut voter Bielski », « Nahum Ofri n’a pas fait avancé la ville », « Bielski aime Raanana, c’est grâce à lui que Raanana est devenu ce qu’elle est », « Glick est contre les religieux », « Bielski a laissé un déficit abyssal ». J’entends tout et son contraire.

Avant Kippour, les trois candidats ont fait le tour des synagogues. A la synagogue Eliezer Yaffé, celle où mon mari va prier, ils sont passés un par un, à tour de rôle pour serrer les mains, saluer leurs futurs électeurs. Parade électoralo-nuptiale classique. Mon mari m’a raconté qu’à cause d’un feu tricolore en panne sur Ahuza, il y avait un embouteillage. Bielski est descendu sur la rue pour faire la circulation.

Je ne sais pas ce qui sortira des urnes le 22 octobre prochain mais une chose est certaine : Sa notoriété, son bagou, son lien affectif réel et ancien avec la population font que Bielski se détache des deux autres candidats. Au supermarché, une cliente a dit à la caissière « Bielski il nous aime ». Vous voyez le niveau du débat politique.

Enfin c’est déjà mieux qu’à Bné Brak où la classe politique locale s’est entendue pour partager le pouvoir sans élection. Par une sorte d’alternance auto-proclamée, le maire est soit représentant du Agoudath Israel  soit représentant du Deguel Hatora. A défaut d’être démocratique, c’est hyper pratique. Pas de campagne. Pas de débat. Tout le monde est content, enfin tous les 5 ans ( durée d'un mandat) et jamais en même temps. Les orthodoxes m’étonneront toujours. Les mecs peuvent s’opposer des heures sur des commentaires de la thora mais refusent de se chamailler pour le poste de maire.


En attendant, en déchiffrant ma carte d’électeur, je découvre que je vais voter dans une école derrière chez moi, comme à Paris. Les bureaux sont ouverts de 7h à 22h, pas comme à Paris. Seule inconnue : Pour qui vais-je voter ? J’avoue, pour le moment je n’en sais fichtre rien. Je me dis que je verrais sur place, au feeling …. Comme à Paris.

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