27 septembre, 2013

Je vois le visage de Fiona et je me dis ...



-          Qu’il faudrait un permis pour avoir des gosses, que c’est trop simple, c’est donné à tout le monde (ou presque). Je découvre que 2 enfants sur 10 sont martyrisés par leurs parents. Je suis atterrée par ce chiffre. Il n’y a pas un jour depuis que je suis maman où je ne me pose pas  des questions sur l’éducation. "Est-ce que je fais bien ?" D’un jour à l’autre, je me trouve trop dure ou trop laxiste. Je regarde ma fille et je me dis « Est-ce que je l’aide ? », «Est-ce que ce que je fais la structure ? lui permettra d’être heureuse plus tard ? ». Et puis parfois, je me dis « arrête de te prendre la tête, les enfants ça pousse tout seul ? ». Quand je suis rentrée de la maternité avec Anouk, comme toutes les primipares, je voulais  bien faire, tout bien faire. Laurent, mon mari, me répétait souvent, « Comment elles font les femmes au fin fond de la forêt amazonienne, sans thermomètre et sans stérilisateur ? ». J’ai souvent pensé aux femmes d’Amazonie.  Quand j’étais aux urgences,  chez le pédiatre ou au rayon des couches.

-          Que la méfiance a gagné : Je suis méfiante. J’ai l’esprit mal tourné, je l’avoue. Quand j’ai vu cette fille pleurer pour qu’on lui rende son enfant, j’ai tiqué. Moi qui ne lâche pas Anouk une seconde du regard, je me dis « Comment peut-on s’endormir  20 minutes sur un banc ». Et puis j’apprends qu’elle est enceinte de 6 mois. Mon empathie prend le dessus « Après tout c'est possible. Irresponsable mais possible ». Mon esprit mal-tourné dit à ma solidarité « Tu t’es faîtes avoir, que tu es naïve ». Aujourd’hui, je souhaite bonne chance  à toutes les mères de familles qui perdront – vraiment – leurs enfants au parc. Ca va être dur.

-          Que Cécile Bourgeon, la maman de Fiona, n’a pas fini de pleurer. Sur Fiona, sur ce qu’elle a fait, sur ce qu’elle a laissé faire, sur ses deux autres enfants qui seront sans doute placés. Mais je crois que Cécile Bourgeon pleure surtout sur elle. Et c’est ça le pire. A l’issue de la Garde à vue, elle et son compagnon expliquent  avoir découvert la petite inanimée au matin, suite à la raclée de la veille. Et là, ils pensent à eux. « Que va-t-on faire pour nous sauver, nous ? » Pendant des mois, ils donnent le change, mentent. Vous savez comme dans ce jeu de téléréalité où il faut garder le plus longtemps possible son secret. Je donne cet exemple parce que je ne sais pas pourquoi mais -  sans faire un lieu entre ces émissions et l’infanticide évidemment - quand je vois Cécile Bourgeon, je vois de l’ennui, des heures devant la télé, sur NRJ12 à mater « les Anges de la téléréalité », de vois de l’immaturité, de l’inconscience. Quand elle cherche les caméras pour laisser éclater sa douleur en carton, l’égocentrisme, le narcissisme font jeu égal avec le mensonge.

-          Que le pire c’est qu’on oubliera le visage de Fiona comme on a oublié Typhaine, Marina. Le visage de Cécile Bourgeon lui, réapparaîtra dans quelques mois, amaigri, vieilli, dans le box des accusés d’une Cour d’Assises. On sera devant notre télé et on mettra quelques minutes à remettre son visage et son horrible forfait. Il nous faudra quelques secondes pour nous dire « Ah oui c’est la mère qui a tué sa fille ». Elle aura droit à un sujet de 2 minutes au JT de 20H. S’il n’y a pas d’actualité, elle fera peut-être l’ouverture de l’édition. Et puis, l’intérêt s’émoussera on annoncera le verdict  des semaines plus tard en fin de journal avec un "off" (le présentateur parle sur quelques images).  Et puis, comme si tout cela n’était pas assez sordide, je me dis que si la petite Fiona bénéficie un jour d’une sépulture décente (Pour le moment, son corps enterré n’a pas été retrouvé), personne ne viendra s’y recueillir et la fleurir.

4 commentaires:

  1. Très bel article ! Mais quand même n'oublions pas le papa qui a perdu un enfant aussi ... et qui va récupérer la garde d'Eva la sœur de Fiona

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    1. Vous avez raison. j'ai oublié le père. merci pour votre précision utile.

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  2. Vous qui donnez votre avis très personnel et subjectif, vous participez aussi à ce grand cirque qu'est la vie virtuelle. Il me semble que vous ne la connaissez pas et que vous n'en savez rien. On ne peut pas connaitre ses motivations, sa vie et ses ressentiments. Je pense que votre article est du même genre que ces personnes qui viennent devant le palais de justice pour craché sur sa voiture. C'est justement la Justice qui est censé se charger de cette affaire et pas vous.

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    1. un avis est par nature subjectif et personnel. Alors oui je ne connais pas Cécile Bourgeon. Mais cela ne m'ôte en rien le droit d'écrire ce que m'inspire ce triste fait divers. en rendant publique sa douleur, en lançant un appel pour qu'on lui rende sa fille ( avant les aveux), elle a jeté son histoire sur la place publique. je n'ai en aucun cas besoin de connaitre ses motivations, sa vie. Et si je les connaissais, son acte serait plus tolérable, plus acceptable ? Je ne crie avec personne. Mon billet n'appelle ni à la peine de mort ni à la vengeance comme c'est le cas depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux. je laisse la justice faire son travail. Ai-je émis un avis sur la peine de prison qu'elle devrait avoir à l'issue de son procès ? Non. Conclusion "anonyme", sur mon blog, j'ai le droit d'écrire. Par contre, et comme la vie est bien faite, vous avez vous aussi le droit de ne pas lire.
      Cordialement

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