Il était 22h32 enfin je crois
Laurent m'a réveillée. "Tu prends Adèle, je prends Anouk. Avance j'arrive".
J'ai pleuré en descendant l'escalier. Pas parce que j'avais peur mais parce que j'ai réalisé vraiment que maintenant je vivais içi.
J'ai tiré sur mon tee-shirt trop petit en rentrant dans le miklat de l'immeuble où était installée une dizaine de voisins. J'ai pensé en essuyant mes larmes : "faut vraiment que je m'achète un pyjama correct"
J'ai regardé Adèle la tête collée contre mon épaule.
Je me suis dit qu'il fallait vraiment que je parle à Anouk pour lui expliquer avec des mots simple la situation.
J'ai pensé à Yaël qui vit à Ashdod et qui connait trop bien cette situation. J'ai pensé à ses enfants coincés toute la journée à la maison alors qu'il fait un temps magnifique.
J'ai eu envie d'appeler ma mère, mon père et mes soeurs pour dire "tout va bien".
J'ai senti la solitude des mères de familles installées depuis peu en Israël, seules avec enfant, pendant que leurs maris travaillent en France.
J'ai entendu la douleur sourde des femmes de soldats et de réservistes.
J'ai compris l'outrance verbale de ceux qui vivent toute l'année au rythme des alertes.
J'ai fermé les yeux, j'ai respiré un grand coup et je me suis dit que j'étais là où je devais être.
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