09 septembre, 2013

Alyah - Episode 6 : Cantine, I Miss You..


Chaque soir, veille de classe pour Anouk, c’est-à-dire 6 jours sur 7, c’est la même angoisse, la même question lancinante : qu’est ce que je vais bien pouvoir lui préparer pour demain midi ?
 

En Israël, donc, pas de cantine. Les parents préparent le repas. Au-delà du fait que l’absence de cantine prive les enfants de perdre leur audition au réfectoire et du plaisir de boire dans des verres Duralex en se demandant qui est le plus grand, l’absence de cantine devient une patate chaude qu’on refile aux parents qui, dans mon cas et je ne suis pas la seule, ont bien d’autres choses à faire le soir.

Soyons clairs, avant de poursuivre et pour éviter les remarques du genre « un repas équilibré c’est pas compliqué à préparer », ma fille mange mal. Elle n’aime pas les légumes, n’est pas une fan de fruits et quand elle voit une carotte, elle se dit « oh c’est rigolo c’est quoi ce truc ? ». je plaide coupable je suis en partie responsable de ce constat et D. m’a puni car depuis 2 semaines aujourd’hui je paye cher mon laxisme alimentaire.

« C’est à toi de lui préparer le repas ». L’employée de la mairie m’avait prévenue. J’avais fait le plein de courses. J’étais gonflée à bloc, prête sur la ligne du départ, certaine de ma réussite, me répétant en boucle « C’est hyper simple, ca va aller ».

Retour à la maison après la première journée au gan, je récupère le sac à dos. Ce qui le matin même était bien rangé  -  sandwich, fruit, boisson, paquet de chips – est à peine entamé. La banane ouverte à collé dans le fond, le paquet de chips est renversé, la bouteille mal fermée etc… bref c’est plus un sac à dos c’est la Yougoslavie après le passage de Milosevic.

Je me décourage pas, je me dis, « on va trouver ». Je repars faire les courses, Anouk dans le chariot. Elle se fie aux emballages, je regarde même plus les prix. Je me jette sur des babybels dont le prix est indécens, on tente des galettes de riz, des crakers etc…

Le lendemain, j’y crois encore. Je me lève à pas d’heure pour préparer le sac en question dont les motifs de princesses semblent me murmurer tous les matins « C’est peine perdue, elle n’avalera jamais ca ». Nouvel échec. La petite ne mange rien. Au bout de 3 jours, une petite israélienne me demande à la sortie « Hefo Babybel ? » (Où sont les babybels ?)  et là je comprends qu’on peut avoir 5 ans et demi et soudoyer l’amitié contre de la nourriture.

Donc je résume, elle ne mange rien, résultat je multiplie les achats pour … rien. En plus, pour ne rien arranger, la maitresse m’ôte chaque jour les rares denrées alimentaires acceptées par qui vous savez. « Pas de viande », « Pas de bambas, y a une petite qui est allergique », « Pas de chips c’est mauvais pour la santé ». Résultat c’est plus un repas c’est une épreuve de Top Chef.

En dehors de tout ça, je ne sais toujours pas quand préparer ce fameux repas. Là, deux écoles s’affrontent, les filles organisées qui font tout la veille au soir. Les autres comme moi, flemmardes qui le matin  font ça à la va-vite.  entre le café et le rangement de la vaisselle de la veille, la gerbe en plus.

Alors voilà toi qui est en France et qui demain va, sur les coups de 18H te demander,  « mais qu’est ce que je vais bien leur faire à manger ? », pense à moi, et à mes copines d’alyah, qui nous posons la question … deux fois par jour. L’an dernier, je pestais contre le prix de la cantine. Aujourd’hui, je serais prête à  payer le double sans rechigner.

1 commentaire:

  1. peut-être qu'Anouk n'a pas tout à fait réalisé qu'elle aussi a fait son Alyah ?... William RAMET

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