16 octobre, 2013

Ayah - Episode 11 : Itzhak Rabin (1922 - 1995)


Aujourd’hui, à l’oulpan, nous avons – comme partout ailleurs dans le pays  - commémoré le souvenir d’Itzhak Rabin, assassiné en 1995.
 

Rabin est mort un samedi soir. J’étais chez moi. A l’époque pas de "chaînes infos", pas de twitter, ni de Facebook. Dans mon souvenir  TF1 et France 2 avaient interrompu leurs programmes.  

La mort de Rabin c’est la fin de l’innocence. Je découvre, effarée, qu’un juif peut tuer un autre juif. je sais, c’est idiot et puéril mais avant c’était une notion qui m’était totalement étrangère. 

Aux obsèques retransmises à la télé, je revois les larmes de Bill Clinton, j’entends la voix de Noa, sa petite fille, qui devait avoir mon âge. sans oublier la dignité de sa veuve, Léah.

Rabin est mort il y a 18 ans. En 18 ans, il s’en est passé des choses dans nos vies. Dans la mienne, voyons voir ? J’ai fini mes études, intégré une école de journalisme, bossé. J’ai enterré trois grands-parents, assisté aux mariages de mes copines. Je me suis faite des amies, je me suis engueulée avec des gens. Je me suis mariée. J’ai eu deux enfants. Bref, comme vous j’ai vécu. Je n’ai as vu le temps passer.

Si on m’avait dit en 1995, « En 2013, tu vas faire ton alyah », je pense que j’aurais ri en  pendant avec une pointe d'ironie « Ouais c’est ça, bien sûr ».

Ce matin, 16 octobre 2013, je suis dans la grande salle du Merkaz Klita de Raanana. Tous les olims de la ville qui sont à l'oulpan sont réunis. Sur la scène ma copine Miri, rencontrée à Radio Shalom - Paris il y a 8 ans, parle au micro dans un hébreu impeccable. Ma nouvelle copine 1 Maia me dit « Mais elle parle super bien !!!  ».
Je regarde la salle. Il y a des juifs du monde entier. ils viennent de Colombie, d'Argentine, des Etats-Unis, de France, d'Inde, d'Ukraine. Ok, on est plus dans les années 1940, on plante rien dans la terre, on vit pas dans un kibboutz mais j’ai quand même cette sensation de vivre avec eux une aventure collective extraordinaire.

Après la biographie de Rabin et deux chansons (Livkoth Lekha et Chir LaChalom), on a entonné l’Hatikva. Ca fait des années que je n’ai pas chanté l’hymne national israélien. Je suis submergée par l’émotion. Je me dis « Allez fait pas ta fille, tu vas pas pleurer ». Et puis finalement, je me lâche. Faut dire qu’à côté de moi, ma nouvelle copine 2, Eva m’a donné le top le départ en essuyant ses yeux.

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