Ma
fille est en maternelle. Ne me demandez pas quelle année, quelle section. Je
n’en sais rien et je n’ai jamais rien compris. Tout ce que je sais c’est que
l’année prochaine elle rempile avant d’entrer au CP si tout va bien (manquerait
plus qu’elle retape) en septembre 2014.
Hier,
j’ai accompagné sa classe à la Bergerie nationale. La journée a commencé par la
remise des badges nominatifs. Pour que je ne me rende pas compte du caractère
très répétitif de la tâche, je mets du cœur à l’ouvrage et déclame
« toi….., je te fais chevalier de la Légion d’honneur ». La plupart
des mômes me regardent avec un air hébété. Un seul salue ma performance en simulant de
prise de Karaté que je prends pour un salut militaire.
Pendant
l’heure de car qui nous sépare de Rambouillet, j’en profite pour regarder du
coin de l’œil ma fille en grande conversation avec une camarade assise à côté
d’elle. Je scrute ses manières, me délecte de son rire, savoure sa façon de
parler avec les mains et de murmurer je ne sais quel secret à l’oreille de sa
voisine.
Le trajet en car me permet aussi d’étudier le cas des autres
mamans accompagnatrices. Il y a celle qui est venue car son fils est tellement
ingérable qu’elle se dit que ça fera des vacances à la maîtresse, une sorte de
RTT. Comme son fils lui répond mal, elle le menace de stopper le car sur la
route où une vache viendra le manger. Menace vaine qui sera gentiment démontée
par notre guide fermier quelques heures plus tard devant l’étable des vaches
herbivores évidemment. Il y a celle qui est là car elle a tout un tas de choses
à éclaircir avec la maîtresse. Composition des repas, hygiène. Chaque moment de
pause sera l’occasion, comme ça l’air de rien, de savoir comment mange son
enfant ? Quel est son niveau d’attention pendant les activités ? etc. Et puis y a moi. Moi qui viens parce
que j’ai toujours l’impression de ne pas être assez présente avec ma fille, moi
qui en ai marre de la bombarder de questions le soir et de l’entendre répondre
« Ben chais pas on a fait des trucs », moi qu’elle a supplié pendant des
semaines de venir et qu’elle ignore toute la journée.
Trois enfants dans chaque main me voilà déambulant d’étables
en enclos à la rencontre des animaux de la ferme. Le fermier, rompu à
l’exercice et objectivement très compétent, débite des phrases assassines sur
le ton de « Nounours » dans « Bonne nuit les petits ».
-
« Chanel, la truie de 300 kilos, elle passera
pas l’hiver ».
-
« Il ne faut pas donner à manger aux vaches car
contrairement à nous quand elle mangent trop, elle ne savent pas vomir, elles
ont mal au ventre et … ».
-
« Ernest, le bouc pour attirer ses amoureuses il
fait pipi sur sa barbichette ».
La sortie scolaire c’est aussi l’occasion de constater
que certains enfants :
- ont vraiment des têtes à claques.
- ont un vocabulaire très limité qui ne comprend ni « merci » ni « s’il te plait »
- portent un blouson 10 ans alors qu’il en a 4.
- refusent de toucher leurs sandwichs prétextant qu’ils sont sales alors qu’ils ont tâté des veaux, des poules et des ânes toute la matinée.
- ont une manucure mieux faite que la tienne.
- parlent beaucoup. L’un d’entre eux m’a confié quand je l’emmenais aux toilettes, « Tu sais mon papa, il s’habille en fille des fois ».
A 17h00, de retour à la maison, la tête comme une pastèque
et les pieds en compote, je végète devant la télé et me fais la promesse
« C’est la dernière fois que je m’inflige ça ». Et là, ma fille, oui
la même qui m’a snobée toute la journée, débarque pour me dire « C’était
trop génial. J’adore quand tu viens en sortie avec nous ».
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